Home page Astrium Techno-Science.net European Space Agency
 

   
23.07.05 Spécial Alcatel Alenia Space
 
Alcatel Space est devenu depuis le 1er juillet 2005 Alcatel Alenia Space. Il s'agit en fait d'un rapprochement décidé par Alcatel et Finmeccanica (Italie) de leur filiale Alcatel Alenia Space et d'Alenia Spazio. Aujourd'hui, la nouvelle société est détenue à 67% par Alcatel et à 33% par Finmeccanica. Alcatel Alenia Space regroupe les activités d'Alcatel Space et d'Alenia Spazio. La société assurera la conception, la réalisation et la production des systèmes spatiaux, des satellites, des charges utiles, des infrastructures orbitales, du transport spatial, des instruments et systèmes sol associés, pour les applications civiles et militaires.

Joel Chenet, Directeur Observation & Science chez Alcatel Alenia Space, nous a accordé un entretien lors du Salon du Bourget qui s'est tenu en juin 2005 à Paris. Nous avons fait le point avec lui sur les principaux programmes scientifiques spatiaux en cours chez Alcatel Alenia Space.

 
 
Science spatiale

Venus Express

Bien que EADS-Astrium soit le contractant principal de la mission Venus Express, c'est Alcatel Alenia Space qui se charge de l'intégration du satellite. La sonde devant être lancée cet autonme, un dossier sera mis en ligne au moment opportun.

Astronomie infrarouge


Après les résultats exceptionnels obtenus grâce au télescope spatial ISO (1995-1998), un satellite fonctionnant dans l'infrarouge construit par Alcatel Alenia Space (Aérospatiale), l'Agence spatiale européenne a décidé de confier le développement de son successeur à Alcatel Alenia Space. Il s'agit de la mission Hesrchel / Planck.

Herschel sera lancé en 2008 par Ariane 5 en compagnie d'un autre observatoire de l'ESA, le satellite Planck, dLe Cryostat de herschelestiné à étudier le "bruit de fond" cosmique.

Herschel fonctionnera dans l'infrarouge lointain et le submillimétrique et étudiera notamment le milieu interstellaire, la formation et l'évolution des étoiles, et la composition des comètes.

Alcatel Alenia Space est le maître d'œuvre des deux satellites qui sont construits autour de la même plate-forme. Les charges utiles sont diffèrentes d'un satellite à l'autre. C'est EADS-Astrium qui s'occupe de celle de Herschel et Alcatel Alenia Space de celle de Planck.

Le Cryostat de Herschel. Crédit ESA

Par rapport à ISO, le saut technologique est significatif. La conception des instruments a d'ailleurs posé des difficultés, aujourd'hui résolues. Herschel s'annonce comme 10 fois plus puissant qu'ISO. Toutefois, sa durée de vie opérationnelle sera guère plus élevée. Au mieux on s'attend à 3 - 4 ans. Rappelons qu'ISO était conçu pur fonctionner 18 mois. Les ingénieurs sont toujours limités par le Cryostat, l'unité centrale du module de charge utile qui permet de refroidir les détecteurs du satellite à -271 °C (soit environ 2 degrés au-dessus du zéro absolu). Le Cryostat ne peut pas excéder une certaine capacité car s'en suit inévitablement un problème de masse.

Notez que si Herschel prend la suite d'ISO, le télescope spatial James Webb qui fonctionnera dans l'infrarouge (2013) et que l'on présente comme le successeur d'Hubble s'inscrit également dans la suite logique des deux télescopes infrarouges de l'ESA.

Exoplanètes

Concernant la recherche des planètes extra-solaires, Alcatel Alenia Space est également en pointe dans ce domaine avec laconstruction de Corot pour le CNES et devait également construire Eddington, une sorte de super Corot, pour le compte de l'ESA. Mais l'Agence spatiale européenne a été contrainte d'abandonner ce programme de façon à dégager des fonds pour le retour en vol d'Ariane 5 ECA. Toutefois, chez Alcatel Alcatel Alenia Space on est confiant et l'on préfère penser que la mission Eddington a seulement été reportée.

L'instrument Corot. Crédit Alcatel Alenia Space

Quant à Corot, le calendrier est respecté pour un lancement prévu en 2006 par une fusée russe Rockot. La plate-forme du satellite et la charge utile ont été livrées et l'intégration a pu commencer.

Corot est un petit télescope conçu pour la détection et l'étude des vibrations des étoiles (Sismologie stellaire) et la recherche des planètes extrasolaires en particulier les planètes telluriques.

Concepts avancés

Parmi les concepts avancés sur lesquels travaillent les équipes d'Alcatel Alenia Space, on citera celui de la frange noire. Ce concept se base sur l'interférométrie, mais au lieu d'additionner les franges comme c'est le cas dans l'interférométrie classique, on les mets en opposition de phase. Il s'agit alors d'éteindre la lumière de l'étoile en faisant se recombiner destructivement la lumière issue de l'étoile (frange noire), mais constructivement celle issue de la planète (frange brillante) dont la position est légèrement décalée sur le ciel. C'est-à-dire d'annuler la lumière du Soleil et de voir les planètes autour.

Pour cela, il s'agit de rechercher la meilleure qualité possible de l'extinction de la lumière, aux alentours de 10-6, valeur qui doit permettre de voir toutes les planètes autour d'une étoile. Des expériences menées dans l'établissement de Cannes ont permis de valider le concept en atteignant 10-5 puis se rapprochant des 10-6.

Si l'on prend comme référent le Système Solaire, l'extinction du Soleil à 10-6 permet de voir toutes les planètes, même Mercure la plus proche du Soleil. Notre faculté à voir des exoplanètes dépendra de beaucoup de son niveau d'émission que de sa taille. Par exemple, il faut que la planète émette + que 10-6 que son Soleil.

Alcatel Alenia Space pense bien évidemment à la mission Darwin de l'Agence spatiale européenne (2014) dont le contrat global n'a pas encore été passé. Il s'agit de la mission européenne la plus ambitieuse jamais conçue par l'ESA pour découvrir des planètes comparables à la Terre. La mission est si innovante que l'Agence doit auparavant maîtriser et valider certaines technologies en orbite. Pour cela elle développe le second démonstrateur technologique du programme Smart qui sera lancé en 2008. LISA Pathfinder (Smart-2) testera le concept d'interférométrie de franges noires, technologie nécessaire à Darwin.

Alcatel Alenia Space envisage d'utiliser des éléments du VLT de l'ESO pour mener une série d'expériences et démontrer la fiabilité de son concept. Mais, en raison de l'atmosphère terrestre, il n'est pas possible d'aller au-delà de 10-3.

 
 
Observation de la Terre


Parmi les programmes en cours on citera le minisatellite CALIPSO (Clouds Aerosols Lidar and Infrared Pathfinder Satellite Observation).

Cette mission franco-américaine dont l'objectif est de comprendre le système climatique et son évolution. Pour cela, CALIPSO doit fournir un jeu de données unique autour des profils verticaux de l'atmosphère mesurés par un Lidar embarqué sur satellite. Le satellite CALIPSO, qui utilise une plate-forme PROTEUS, embarque une charge utile composée d'un Lidar à rétrodiffusion, instrument principal équipé d'un télescope de 1 mètre, une caméra visible, et un imageur infrarouge fourni par la France.

Ce satellite doit être lancé avec CloudSat, un autre satellite EOS de la NASA au moyen d'une fusée Delta 2 à l'automne 2005.

Ce satellite d'observation de la Terre fait partie du train spatial A-Train, 1er observatoire franco-américain en orbite. Grâce à cette première mondiale, il sera possible de rapprocher les données fournies par 6 satellites évoluant en formation : Aqua (NASA lancé en mai 02), Cloudsat (NAS et Calipso (CNES/NASA) lancé ensemble à l'automne 2005, Parasol (CNES, lancé en décembre 04), Aura (NASA, juillet 04) et OCO (NASA, 2007).

GOCE est un autre programme développé par Alcatel Alenia Space, maître d'œuvre du programme et s'occupant du gradiomètre. Cette mission de l'Agence spatiale européenne s'inscrit dans son programme d'Observation de la Terre Planète Vivante. Goce est une mission de gravimétrie de façon très précise. Elle vise à mesurer le gradient de la gravité terrestre de façon à mieux comprendre la tectonique des plaques ou encore les mouvements interne de l'écorce de la planète.

Son lancement est prévu en 2006 par une fusée russe Rockot. L'étude de la gravité nécessite que le satellite ne vole pas trop haut au-dessus de la Terre. Goce volera à une altitude moyenne de 250 km car le signal décroît rapidement et perd de son intensité. Alors qu'il survolera des régions à l'attraction gravitationnelle plus ou moins forte, le satellite fera le yo-yo de sorte que les instruments enregistreront les variations du champ de gravité rencontrées sur sa trajectoire.

Goce. Crédit Alcatel Alenia Space

Cette contrainte d'altitude fait que le satellite doit sans cesse poussé en permanence pour compenser les effets de l'atmosphère terrestre, très forts à cette altitude. Le satellite emporte des ergols en conséquence. De fait sa durée de vie opérationnelle ne sera pas grande.

Les scientifiques seront ainsi capables de mesurer la quantité de matière en déplacement soit brusquement, comme lors d'un tremblement de terre, soit progressivement, comme la fonte d'une calotte glacière. Les données recueillies permettront même de repérer les changements de circulation océanique provoqués par le changement climatique.

Concepts avancés

Parmi les concepts avancés sur lesquels travaillent les équipes d'Alcatel Alenia Space, on retiendra un ambitieux projet d'interférométrie terrestre pour faire de l'imagerie. Dans ce cas précis, il s'agit de faire de l'interférométrie non pas sur une source ponctuelle comme c'est le cas aujourd'hui mais, sur une source étendue. Alcatel Alenia Space réfléchie à des concepts d'observation de la Terre depuis la position géostationnaire avec des systèmes d'interférométrie imageur aux précisions de l'ordre de 10 m.

Bien entendu, les satellites EOS en service aujourd'hui sont capables d'observer la Terre avec une précision métrique et centimétrique pour les milsat, mais l'inconvénient c'est que dans le cas des satellites scientifiques, ils repassent au-dessus de la même région que de temps en temps et très peu de fois, voire une seule fois. Cela limite certaines études environnementales..

Alcatel Alenia Space propose donc un concept de plusieurs satellites EOS, volant en formation et capable d'interférométrie depuis une altitude de 36.000 km. De cette façon, on aurait une vue permanente de la même région et l'on serait capable de faire de la 'vidéo'. Un tel système serait capable de fournir des données capables de favoriser une meilleure gestion de l'environnement en surveillant l'évolution d'une région en temps réelle. Les applications sont multiples

 
 
La ministérielle de décembre 2005

La Session du Conseil de l'ESA au niveau ministériel doit se tenir en décembre 2005 à Berlin.

Au niveau des programmes scientifiques, Alcatel Alenia Space n'attend pas des décisions majeures, tant la situation semble claire. Toutefois, la firme souhaite que le budget de la science soit augmenté de façon à compenser les effets de l'inflation ou au minimum maintenu en l'état.

Alcatel, mais également EADS souhaitent que l'Union Européenne réussisse à débloquer son budget et surtout intégrer l'Agence spatiale européenne dans une vision globale de la politique européenne.

Concernant l'exploration du Système Solaire, Alcatel Alenia Space souhaite capitaliser l'acquis Huygens et approfondir nos connaissances des planètes en allant dessus. Dans un premier temps il est évident que l'objectif principal est Mars. D'autant plus que tous les scientifiques impliqués dans la planétologie veulent y aller. Ils en font leur objectif prioritaire. Alcatel Alenia Space souhaite donc participer à des programmes robotiques d'exploration de Mars de façon à progresser et inciter l'Europe à se doter de la capacité à ce lancer dans ce type de programme, un enjeux majeur d'autant plus que les missions robotiques de ces prochaines années ouvriront la voie aux missions habités.

Concernant l'exploration habitée de Mars, Alcatel Alenia Space et comme la plupart des firmes et organismes concernés par ce projet, la voit comme un projet international à une nuance près que les américains voudront garder toute la responsabilité en raison d'une part de leur poids financier et de l'acquis technologique. L'Europe doit donc investir doit investir intelligemment dans l'aspect robotique de l'exploration.


Articles connexes

Le télescope spatial CoRoT (17.12.06)
Le télescope spatial Planck (11.11.06)
Le point sur la mission LISA Pathfinder (26.10.06)
Alcatel Alenia Space construira 25 des 64 antennes du projet ALMA (09.12.05)


   
  top

   
  Copyright 2000 - 2005 © flashespace.com. All rights reserved