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22.04.06 Les Russes marcheront-ils sur la Lune et sur Mars ?
 
C'est évident, 2006 aurait parfaitement pu être proclamée en Russie Année de l'espace puisque c'est celle du 45e anniversaire du premier vol spatial de l'homme et du 60e anniversaire de l'industrie spatiale nationale.

D'autre part, la Russie a confirmé son leadership en matière de lancement de satellites et en même temps, entrepris la réalisation du plus ambitieux programme spatial de ces derniers temps, échelonné sur toute une décennie et embrassant tous les volets de l'astronautique, depuis les vols habités jusqu'aux sondes spatiales automatiques.

Dans le même temps, les déclarations antinomiques des responsables de Roskosmos et des dirigeants de la corporation Energuia, le fleuron de l'astronautique russe, incitent à poser la question posée par le titre de cet article.

Nous estimons qu'il serait peu sérieux de s'interroger sur la question de savoir si l'homme a besoin ou non de se rendre sur la Lune ou de voler vers des planètes lointaines. Le pragmatisme n'a pas sa place ici. Les supplications et les larmes des compagnes de nos lointains ancêtres n'avaient pas empêché ceux-ci de se hasarder sur les mers dans un premier temps pour gagner une île voisine, découvrir un nouveau continent et ensuite... La soif de savoir est intarissable et éternelle.

Cependant, le 11 avril, la veille de la Journée de l'Astronautique, le patron de Roskosmos, Anatoli Perminov, a déclaré fort inopinément que "la Russie ne possède pas de programme particulier d'étude et d'exploration de la Lune étant donné que ce chemin nous l'avons déjà parcouru voici trente ans, à l'époque où nous lancions l'un après l'autre des engins spatiaux dont certains allaient même se poser sur la Lune...". Il estime irrationnel de refaire le même parcours mais en ajoutant quand même que la Russie est disposée "à aider les partenaires chinois, Pékin envisageant d'envoyer des taïkonautes sur la Lune vers 2017". "D'autre part, a ajouté Anatoli Perminov, Roskosmos a officiellement été sollicité par la NASA pour prendre part à la réalisation de projets américains".

Des idées intéressantes, semble-t-il, mais...

Premièrement, ce qui a été réalisé voici trente ans est une infime partie de ce que nous souhaiterions savoir aujourd'hui sur l'astre de la nuit. Deuxièmement, aussi ambitieux et étoffé le programme chinois soit-il, les acquis de ce pays dans le domaine des vols habités sont encore très loin du niveau que l'Union soviétique avait atteint il y a trente ans. C'est la raison pour laquelle la participation pleine et entière de la Russie au programme lunaire chinois serait un pas en arrière.

En ce qui concerne les Américains, pour l'instant ils n'affichent aucun projet de vol interplanétaire tant soit peu cohérent. En outre, les dirigeants de la NASA ont récemment admis qu'à ce jour rien n'avait encore été décidé quant à l'utilité de se rendre sur la Lune.

Par conséquent, le seul domaine où les cosmonautes russes pourraient faire oeuvre utile reste la Station spatiale internationale (ISS), en tout cas sur le long terme.

En attendant, la corporation Energuia a des projets tout à fait différents. A la mi-avril ses dirigeants ont exposé la conception d'un programme de développement de l'astronautique habitée en Russie pour les 25 années à venir.

Ce document prévoit qu'à la première étape le programme lunaire habité sera réalisé au moyen de vaisseaux Soyouz, de lanceurs Soyouz-FG et Proton ainsi que de boosters d'accélération du type DM. "Le segment russe de l'ISS sera utilisé en qualité d'aire d'assemblage du système spatial interorbital avant le vol de celui-ci vers la Lune. Cette approche permettra dès les temps les plus proches d'envoyer des missions sur la Lune", estime-t-on à Energuia.

La deuxième étape du programme lunaire prévoit la création d'un système de transport lunaire réutilisable. Il comportera des vaisseaux pilotés conçus sur la base du vaisseau Kliper et du véhicule de transfert interorbital dotés de réacteurs à carburant liquide, destinés à assurer la navette entre les stations habitées circumterrestre et circumlunaire. Pour acheminer les frets de grandes dimensions il est envisagé d'utiliser des véhicules de transfert dotés de réacteurs électriques alimentés par des batteries solaires. Sur le même plan on prévoit également la création d'une station orbitale lunaire permanente qui fera office d'aérodrome pour les modules de descente réutilisables.

La troisième étape sera celle de l'implantation sur la Lune de la base permanente d'où débutera la mise en valeur industrielle du satellite de la Terre.

Le programme martien est étroitement associé au lunaire

"En élaborant le système martien nous utilisons partiellement les technologies mises au point au cours des décennies écoulées, notamment les propulseurs électriques qui équipent déjà les satellites de télécommunications. Des batteries solaires de grandes dimensions ont été testées sur la station orbitale Mir", a déclaré le directeur du groupe Energuia, Nikolaï Sevastianov.

Avec un stock substantiel de carburant (xenon) le nouveau système martien acheminera les missions habitées jusqu'à la planète rouge, a souligné le patron du groupe.

Cependant, Nikolaï Sevastianov a indiqué qu'il fallait aussi concevoir et créer de nouveaux éléments comme le module qui se posera sur le sol de Mars et que le programme de mise en valeur de cette planète comporterait trois étapes: les tests du système pendant un vol vers la Lune, le vol habité à destination de Mars mais sans descente de l'équipage sur sa surface et, finalement, débarquement d'hommes sur Mars. Jusqu'en 2010, ce sont des fusées Soyouz-FG" et Proton qui placeront sur orbite les éléments du système. Ensuite on utilisera des Soyouz-2 modernisées et les nouveaux lanceurs Angara.

Jusqu'en 2015, le "chantier" spatial sera desservi par des Soyouz habités et des Progress de transport et au-delà par le véhicule Kliper qui devrait alors être opérationnel.

La première mission vers Mars pourrait avoir lieu dans les années 2020-2030. Si ce programme est approuvé par Roskosmos, la question de la place de la Russie dans l'Espace ne se posera plus.


© Andreï Kisliakov, RIA Novosti

   
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