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18.04.08 Transport spatial habité : Quelle voie pour l'Europe ?
 

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Pr. R. Raynal
(Dr de l'université de Toulouse, www.exobiologie.info, roger.raynal@wanadoo.fr)

Un problème d'image et de communication

On peut se poser plusieurs questions sur le développement futur des programmes spatiaux européens. Pour ce qui est des vols habités, la messe est dite: même si la capacité technique de les développer est présente, le coût et la volonté manquent. Bien entendu, pour un coût très inférieur, des sondes robotisées peuvent apprendre bien plus. Le problème est d'identifier et d'assurer un maximum de publicité aux explorations robotisées, faute de quoi le contribuable, qui accepterai )à la rigueur de financer un astronaute européen qui ferai un petit tour sur Mars avec des américains et des Japonais (ou des Chinois...) n'acceptera pas de payer pour une photo occupant 3 s d'un JT (ce qui est le traitement actuel des confirmations spatiales).

C’est là que l'ESA révèle une de ses failles : son absence de volonté et de savoir-faire pour promouvoir, communiquer et créer une dynamique spatiale. Comme le souligne l'article, à la création de l'ESA le net n'existait pas, ni l'Europe. Ceci ne peut suffire à expliquer et à excuser une culture bureaucratique qui aboutit à ne pas communiquer les résultats des missions en cours. La comparaison des sites de l'ESA et de la NASA est édifiante, et le rappel de quelques erreurs passées illustre aussi ce manque de visibilité:

- l'assolissage d'Huygens n'a été couvert par aucun média, l'ESA s'est permise de critiquer vertement les amateurs (talentueux) qui ont eux-mêmes traité des images brutes pour en fournir des vues exploitables et directement mises sur le net alors que, pour l'ESA, il n'y avait aucune urgence à publier les résultats (sans comprendre que l'absence d'urgence obère l'importance)

- en application de la conception endogamique de la circulation de l'information, l'ESA, entièrement financée par les contribuables européens, s'arroge un droit d'auteur sur toutes les images de ses missions. Il est donc impossible de reproduire sur le net de façon légale des images d'origine européenne (car rien, en Europe, de similaire à l'UScode (Title 17, Chapter 1, Section 105 ) qui considère que les travaux d'une agence gouvernementale appartiennent à ceux qui les ont financés, en simplifiant)

-L'ESA refuse aussi de communiquer des images de ses missions aux organes de presse scientifique: "New scientist" l'avait signalé, l'agence se révélant incapable de fournir simplement et rapidement des images de ses missions martiennes... (More bang for our bucks - New scientist 2477, 11/12/2004, 19)

- l'obtention d'images martiennes, pour de sombres raisons de copyright, est difficile: rien à voir avec la transparence du JPL et ses mises à jour quotidiennes.

- le suivi de nombreuses missions se révèle problématique : ainsi, aucune information ne circule sur les résultats et les travaux de missions lancées en fanfare comme Corot, par exemple.

- malgré des efforts ponctuels, rien n'est vraiment accompli pour créer, pour les enseignants et professeurs par exemple, une vraie prise en compte de l'espace et de l’aventure spatiale dans l'éducation des jeunes.

Ce déficit de communication risque fort de limiter les capacités de l'ESA à représenter une voie de développement spatial crédible, car même si les capacités techniques existent le déficit de communication sur les résultats désirés et obtenus ne pourra que brouiller la visibilité des objectifs choisis, une fois les répartitions budgétaires et les priorités définies.

Une des possibilités serait un abandon des vols habités an attendant la mise au point de méthodes de propulsions bien plus efficaces: en l'état actuel de la technologie et des budgets disponibles, une mission de plus d'un an vers Mars, constamment repoussée, est un maximum dont on ne sait s’il pourra être atteint. Des recherches fondamentales sur la propulsion doivent être comptabilisées comme faisant partie des vols habités.

D'autre part, plutôt que de refaire ce qui a déjà été accompli par les USA, l'Europe pourrait définir des objectifs spécifiques pour ses vols robotisés (un peu comme le fait la JAXA avec ses missions vers les astéroïdes et la lune) par exemple des retours d'échantillons (astéroïdes, comètes, atmosphères planétaires, sol des satellites martiens, de Mercure, des satellites de Jupiter...), des missions d'astrométrie ou de cosmologie (pourquoi pas une sonde à très haute vélocité chargée d'étudier les anomalies gravitationnelles révélées par les sondes voyager et pionner aux confins du système solaire ?)

L'Europe spatiale ne deviendra intéressante pour les Européens (et non, comme c'est le cas actuellement, pour les industriels, ce qui est nécessaire, mais pas suffisant) que si elle apprend à se vendre et se libère du carcan de la culture étatique qui la bloque depuis sa création.


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