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17.01.05Huygens nous révèle un monde complètement inconnu (2/3)
 
Le succès de la mission Huygens, un projet de l'Agence spatiale européenne pensée après le survol de Titan par Voyager I en 1980 et décidé en 1988, signe un succès technique et scientifique.

Construite au début des années 90 par Alcatel Space, la sonde Huygens a parfaitement fonctionné lors de sa descente sous parachutes, la phase la plus critique, la plus périlleuse de la mission. Alors qu'initialement les chercheurs pensaient que la sonde ne serait pas en mesure de fonctionner plus de une demi-heure au sol, Huygens a si bien survécuà sa descente et à son atterrissage qu'elle a continué a émettre des informations plus de deux après. Des données n'ont pas pu être transmises à l'orbiter Cassini, en orbite autour de Titan à près de 60.000 km, car la sonde américaine est passée sous l'horizon, perdant ainsi tout contact avec Huygens.

Le fait que Titan a fonctionné aussi longtemps confirme que la sonde n'a pas été immergée dans un liquide quand elle s'est posée sur la surface de Titan. Si cela avait été le cas, Huygens se serait refroidie beaucoup plus vite car les liquides ont des propriétés thermiques un peu particulières et n'aurait pas fonctionné aussi longtemps.

Seule ombre au tableau, les scientifiques qui attendaient environ 900 clichés n'en ont reçu 'que' 362. Un problème technique survenu pendant la transmission sur un des deux canaux prévus pour communiquer entre la sonde et Cassini n'a pas fonctionné ou est tombé en panne. Une quantité appréciable de données ont également été perdues.

Perdues ? Peut-être pas ! Le radiotélescope Robert C. Byrd à Green Bank qui a écouté Huygens bien plus longtemps que Cassini a peut-être enregistré ces informations et il n'est pas impossible que l'on arrive à reconstruire une fraction des données perdues. En théorie cela n'est pas impossible mais très difficile en raison de la faiblesse du signal et de la distance, près de 1,2 milliard de km.

Toutes les images acquises par la sonde l'ont été par la partie imageur du Radiomètre spectral imageur de descente (DISR) qui se compose de trois caméras fixes. Une photographie à l'horizontale, une autre à la verticale et la troisième au milieu, c'est-à-dire à 45°. Les concepteurs de ces caméras ont compté sur la rotation de Huygens dans sa descente sous parachute pour photographier les régions tout autour de la sonde. Pari gagné, un panorama à 360° composé de 50 clichés a pu être généré. Ces images ont été prises dans le visible et le proche infrarouge.

La première analyse des images reçues s'avère très compliquée d'autant plus qu'elles nous montrent un monde complètement différent de tout ce que l'on connaît. Si l'on prend l'exemple de Mars, il s'agit d'une planète différente de la Terre mais par bien des aspects proche de la Terre. Dans le cas de Titan, il s'agit d'un objet complètement différent où tout est à comprendre. Il s'agit d'un corps saturé en matériaux riches en carbone (hydrocarbures), monde où la chimie à l'œuvre est complètement différente de celle que nous connaissons sur la Terre.

Précisons que quand les scientifiques utilisent le terme d'hydrocarbures, on a tendance à penser au pétrole mais ce n'est pas le cas. Le pétrole est un élément de décomposition biologique alors que dans le cas de Titan on décrit des éléments riches en carbone comme le méthane et l'éthane.

Ces photos sont extraordinaires. Si l'on utilise des termes associés à des dispositifs terrestres on a l'impression de voir des lits de rivière, des lacs, des îles et quelque chose qui ressemble vraiment à une côte. On n'arrive pas à conclure s'il y a un truc qui coule à l'intérieur de ces lits et nombreux sont les scientifiques qui tendent vers l'hypothèse du liquide a base de carbone.

Les parties sombres interpellent également les scientifiques. S'agit-t-il de lacs liquides ou asséchés. ? Quant au sol de Titan, du moins la région où s'est posée la sonde, les incertitudes sont également très grandes. S'agit d'un sol mou, meuble (une sorte de glace imprégnée d'hydrocarbures). Les images montrent des galets et évoquent un lit de rivière où un liquide a coulé, sans doute un mélange de méthane et d'éthane liquide, mais quand ? Les galets en question sont clairement ronds et pas anguleux et une érosion par un liquide ou le vent les a certainement façonnés.

A toutes ces questions, des réponses seront sans doute apportées mais quand ? Les scientifiques n'ont pas encore tous les éléments pour trancher. Entre l'exploitation des données Huygens et les autres survols de Titan par Cassini on peut raisonnablement être optimiste. D'ores et déjà la communauté scientifique s'attend à revoir la plupart des modèles appliqués à Titan. Quand on sait que les données acquises lors du survol de Titan en 1980 par Voyager I n'ont pas encore toutes parlé….

© Flashespace & Sébastien Charnoz

Sébastien Charnoz estmembre de l'équipe Astrophysique Interactions Multi-échelles (AIM) en charge du Système de caméras ISS embarqué sur l'orbiteur de Cassini sous la direction d'André Brahic.

  
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