|   | 
             
              Dans un  
              précédent, nous avons très clairement dit que dans le contexte actuel, 
              il n'était pas opportun pour l'Europe de se doter d'une capacité 
              de transport spatial habité. Mais le schéma sur lequel nous sommes 
              appuyés pour rédiger cet article évoluera dans le temps de sorte 
              que l'Europe devra se doter tôt ou tard d'un tel système.  
               
              Fin 2008, l'Agence spatiale européenne va très certainement décider 
              de développer une version évoluée de l'ATV, capable de retourner 
              du fret sur Terre, ultime étape avant de se doter d'une capacité 
              de transport spatial habité. Il s'agit là de la meilleure stratégie. 
              Avec cette évolution de l'ATV, il sera impératif que l'Europe développe 
              de nouvelles technologies de rentrée atmosphérique qui soient par 
              la suite utilisées par le futur système de transport spatial.  
               
              2 projets en Europe  
               
              Aujourd'hui, en Europe, il existe plusieurs projets de système de 
              transport spatial. Il y a celui d'Astrium, soutenu par l'Allemagne. 
              A notre avis, il s'agit d'un re-lifting d'une idée qui avait déjà 
              été évoquée lors de la lente agonie du projet Hermès (Crew Rescue 
              Vehicle) et qui s'était soldée par l'ARD, un bien modeste démonstrateur 
              de rentrée atmosphérique.  
               
              Quant à l'autre projet, il s'agit celui né du partenariat entre 
              l'ESA et Roscosmos qui intéresse probablement plus les russes, désireux 
              de financer leur lanceur Angara, que les industriels européens. 
              Ce projet serait sans doute moins couteux pour les européens et 
              permettrait de développer un moyen d'accès moderne à l'ISS en présentant 
              l'avantage d'associer Thales-Alenia à EADS/Astrium. Cependant, il 
              pose la question de l'indépendance de l'Europe et, à notre avis 
              il est peu susceptible d'obtenir le soutien de la France et de l'Allemagne 
              peu soucieuses de faciliter l'émergence d'une concurrence à Ariane 
              5.  
               
              On y verra très certainement plus claire après la session du Conseil 
              de l'ESA au niveau ministériel. Très clairement, si en Europe on 
              prétend continuer à envoyer des astronautes dans l'espace, il apparaît 
              logique de se doter d'un système de transport spatial. Reste que 
              dans 5, 10 ou 15 ans, l'Europe aura très vraisemblablement son système 
              de transport.  
               
              Les prochaines étapes de l'exploration humaine du Système Solaire 
              sont connues. Abandon de l'utilisation humaine de l'orbite basse 
              au profit de satellites et autres systèmes autonomes de surveillance 
              de la Terre, colonisation de la Lune et premières missions habités 
              sur et autour de Mars et vers des astéroïdes. Selon nous, en 2012, 
              il sera opportun de se doter d'une feuille de route menant au développement 
              d'un système de transport spatial d'ici 2020.  
               
              Alors, quel concept pour l'Europe ?  
               
              Pour Christophe Bonnal, Expert senior à la direction des 
              lanceurs du CNES : 'l'Europe est tout à fait capable de développer 
              son propre système de transport spatial', il existe aujourd'hui 
              aucune barrière technologique pour empêcher son développement dans 
              des délais raisonnables. 'Il pourrait être fait entre 5 et 10 ans'. 
              Mettons donc de côté cet aspect des capacités européennes dans ce 
              domaine, largement abordées dans un article précédent pour se focaliser 
              sur la définition ce système de transport spatial qui, ne sera pas 
              chose facile. Plusieurs paramètres sont en prendre en compte :  
               
              - Sécurité ; 
              - Versatilité ;  
              - Longévité ;  
              - Facilité de mise en œuvre.  
               
              Avion spatial versus capsule orbitale  
               
              Mais quel type de concept choisir parmi les trois existants. On 
              connaît celui de la navette spatiale, de la capsule Soyouz et de 
              Hermes, un projet européen resté dans les cartons. Des 2 autres 
              encore en service, le système russe est celui qui apparaît le plus 
              fiable. Il est en service depuis plus de 20 ans et sans interruption 
              et à de beaux jours devant lui. La NASA a décidé de remplacer sa 
              flotte de navette par Orion, une capsule habitée de type Apollo 
              (2014).  
               
              Le concept de capsule offre un excellent compromis en termes de 
              manoeuvrabilité et de thermodynamique. Cependant il pose des problèmes 
              assez complexes en ce qui concerne l'aménagement intérieur, la structure 
              et le pilotage (atterrissage) et c'est pourquoi une structure de 
              type avion avait finalement été retenue pour la navette. Pourtant 
              une capsule portante aurait été moins sensible au problème de bord 
              d'attaque qui a été fatal à Columbia.  
               
              Capsule de type lifting body  
               
              Le concept Hermes est également intéressant. En Europe, de nombreuses 
              études exploratoires convergent vers la définition d'une capsule 
              de type lifting body, tirant parti des avancées permises par le 
              programme Hermès et s'appuyant sur Pre-X qui vise la maîtrise de 
              la rentrée atmosphérique planée. Cette phase est une étape délicate 
              pour tout véhicule spatial, puisqu'il s'agit d'aborder la traversée 
              de l'atmosphère en position planée, comme un avion.  
               
              Par rapport aux capsules de type Soyouz ou Apollo, ce type de capsule 
              lifting body (corps portant) permet une meilleure manœuvrabilité 
              et de mieux contrôler l'endroit de l'atterrissage. Comme chacun 
              peut le comprendre, l'atterrissage 'comme un avion' permet un meilleur 
              confort aux astronautes. Mais c'est surtout au niveau du contrôle 
              de la trajectoire que les avancées sont intéressantes. Cette manœuvrabilité 
              permet un retour sur une base aménagé plutôt qu'au milieu d'une 
              steppe, d'un désert ou d'un océan avec tous les problèmes de logistique 
              que cela pose. Elle offre également un excellent compromis en termes 
              de manœuvrabilité et de thermodynamique.  
               
              Cependant elle pose aussi des problèmes assez complexes en ce qui 
              concerne l'aménagement intérieur, la structure et le pilotage et 
              c'est pourquoi une structure de type avion avait finalement été 
              retenue pour la navette. Pourtant une capsule portante aurait été 
              moins sensible au problème de bord d'attaque qui a été fatal à Columbia. 
               
               
              Note  
               
              Des études exploratoires ont montré qu'un tel système, basé sur 
              une Ariane 5 qualifiée pour le vol habité et une capsule de type 
              lifting body, pourrait être mis sur pied entre 5 et 10 ans ! Le 
              coût est estimé entre 1,5 et 2,5 milliards d'euros. De 600 millions 
              à 1 md d'euros pour modifier Ariane 5 et de 1 à 1,5 md pour le développement 
              du véhicule.  
               
             |