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03.10.05 Les étapes du programme lunaire chinois
 
Le Ministère chinois de Science et de la Technologique vient de dévoiler les grandes lignes de son programme d'exploration de la Lune par des engins robotisés pour la période 2007 - 2020.

Ce programme se divise en trois phases. Il prévoit l'envoi d'un orbiter (phase 1, 2007), l'atterrissage d'un lander (phase 2, 2012) et enfin une grande mission de retour d'échantillons lunaires prévue en 2017 (phase 3). Noter que ce programme est des plus ambitieux pour un pays qui n'a pas encore envoyé de sondes planétaires. Mais, il n'est pas une fin en soi. Il préfigure l'envoi d'hommes sur la Lune, opération préliminaire à l'établissement d'une base permanente sur le sol lunaire et montre l'intérêt que porte la Chine aux ressources naturelles de notre satellite.

Phase 1

La première mission est prévue en 2007. Il s'agit d'un orbiter baptisé Chang'e-1, du nom d'une déesse (d'un ancien conte de fées chinois) qui s'envola vers la Lune. Reste que la Chine ne dispose pas de lanceur capable de lancer un engin sur une trajectoire planétaire. La Chine n'a pas la volonté de développer un nouveau lanceur mais de modifier une fusée existante de la famille Longue Marche. Dans ce cas, la fusée choisie serait la Longue Marche 2F, celle utilisée pour lancer les capsules Shenzhou. Il suffira juste de lui adjoindre un quatrième étage propulseur pour accélérer la sonde vers la Lune.

Les objectifs de la mission sont assez basiques. Ils viseront à préparer la mission de 2012 qui prévoit l'atterrissage d'un lander. Ils vont de l'imagerie en 3-D à la cartographie de régions entières en vue de choisir des sites d'atterrissage en passant par l'étude des relations Lune-Soleil. Mais ce n'est pas tout. En plus d'analyse de concentration et de distribution d'éléments présents sur le sol lunaire, de façon à mieux comprendre leur rôle dans l'évolution de la Lune.

Mais ce qui trouble les observateurs occidentaux, c'est l'intérêt que porte la Chine à l'hélium-3 dont des analyses et des mesures de quantités sont prévues. Rappelons que l'hélium est un gaz, qui combiné avec un isotope de l'hydrogène, le deutérium, peut produire de grandes quantités d'énergie.

Phase 2

Lors de cette phase, la Chine prévoit l'atterrissage sur la Lune d'un rover et non pas d'un lander en 2012. La sémantique est importante. A la différence d'un lander, un rover est capable de se déplacer autour de son point d'atterrissage, comme les rovers Spirit et Opportunity. Cela implique le développement d'un engin plus complexe et la mise au point du système de propulsion du rover, ce qui n'est pas une mince affaire quand on sait chaque gramme a une répercussion sur la masse totale à lancer depuis la Terre.

Les objectifs scientifiques sont vastes, mais on retiendra une étude à grande échelle de la lune, de sa tectonique et de sa structure interne. Ils sont en droite ligne de ceux énoncés dans la phase 1. En filigrane ils visent à préparer au mieux l'atterrissage de rover mais également de vaisseaux habités. A noter une petite expérience de mesure des courants thermiques ainsi que la remanence du sol au point d'atterrissage.

Quant au rover, il se déplacera autour de son site d'atterrissage. Il sera équipé d'instruments scientifiques qui permettront l'analyse par différents procédés et longueurs d'ondes de son site d'atterrissage et ses environs. Des observations astronomiques et du système Soleil-Terre-Lune sont envisagées mais sans plus d'information.

Reste une interrogation. La Chine n'a pas précisé si une sonde restera en orbite. Deux scénarii sont envisageables. L'un prévoit le lancement du rover à l'intérieur du module d'atterrissage, l'ensemble étant propulsé par un étage de croisière entre la Terre et la Lune (de type mission MER). L'autre scénario possible est plus complexe car il prévoit l'utilisation d'un module orbital, mission de type Cassini-Huygens. Dans ce cas, l'orbiter larguerait le module de descente tout en restant en orbite pour une activité opérationnelle de plusieurs mois.

Phase 3

Cette dernière étape est la plus ambitieuse du programme car elle prévoit le retour sur Terre d'échantillons lunaires. L'architecture de la mission est simple. La chine prévoit le lancement d'un engin en 2017 qui déposera à la surface de la Lune un rover équipé d'un bras robotique utilisé pour rassembler des échantillons du sol. Une analyse in-situ de ces échantillons est prévue de façon à rapporter sur Terre les plus prometteurs . Les échantillons seront placés dans une capsule de rentrée atmosphérique et retournera sur Terre.

Mais plusieurs zones d'ombres demeurent. Aucune information est disponible sur cette phase de la mission qui apparaît comme la plus cruciale avec la remontée en orbite lunaire et le retour sur Terre.

Noter que la mission du rover ne se terminera pas avec le retour sur Terre des échantillons lunaires. Le rover poursuivra son activité autour de son site d'atterrissage et ses environs. Il se peut que le site d'atterrissage de la mission de 2017 soit utilisé par la suite pour installer une sorte de poste avancée préfigurant des missions habitées. Mais on en est pas là et beaucoup de chemin reste à faire avant de voir le drapeau chinois flotter sur la Lune.

Reste que la Chine est consciente que l'envoi d'hommes sur la Lune ne sera pas une mince affaire et que le financement d'un tel projet est colossal. On l'a vu pour les Etats-Unis en leur temps avec les missions Apollo, les gaps technologiques à franchir sont importants. Même si la situation est différente de celle de l'Amérique des années 60, la Chine doit faire face à certaines lacunes et se préparer à supporter des surcoûts financiers et des échecs.


   
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