|  | Le Ministère chinois de Science et de la Technologique vient de 
              dévoiler les grandes lignes de son programme d'exploration de la 
              Lune par des engins robotisés pour la période 2007 - 2020.
 
 Ce programme se divise en trois phases. Il prévoit l'envoi d'un 
              orbiter (phase 1, 2007), l'atterrissage d'un lander (phase 2, 2012) 
              et enfin une grande mission de retour d'échantillons lunaires prévue 
              en 2017 (phase 3). Noter que ce programme est des plus ambitieux 
              pour un pays qui n'a pas encore envoyé de sondes planétaires. Mais, 
              il n'est pas une fin en soi. Il préfigure l'envoi d'hommes sur la 
              Lune, opération préliminaire à l'établissement d'une base permanente 
              sur le sol lunaire et montre l'intérêt que porte la Chine aux ressources 
              naturelles de notre satellite.
 
 Phase 1
 
 La première mission est prévue en 2007. Il s'agit d'un orbiter baptisé 
              Chang'e-1, du nom d'une déesse (d'un ancien conte de fées chinois) 
              qui s'envola vers la Lune. Reste que la Chine ne dispose pas de 
              lanceur capable de lancer un engin sur une trajectoire planétaire. 
              La Chine n'a pas la volonté de développer un nouveau lanceur mais 
              de modifier une fusée existante de la famille Longue Marche. Dans 
              ce cas, la fusée choisie serait la Longue Marche 2F, celle utilisée 
              pour lancer les capsules Shenzhou. Il suffira juste de lui adjoindre 
              un quatrième étage propulseur pour accélérer la sonde vers la Lune.
 
 Les objectifs de la mission sont assez basiques. Ils viseront à 
              préparer la mission de 2012 qui prévoit l'atterrissage d'un lander. 
              Ils vont de l'imagerie en 3-D à la cartographie de régions entières 
              en vue de choisir des sites d'atterrissage en passant par l'étude 
              des relations Lune-Soleil. Mais ce n'est pas tout. En plus d'analyse 
              de concentration et de distribution d'éléments présents sur le sol 
              lunaire, de façon à mieux comprendre leur rôle dans l'évolution 
              de la Lune.
 
 Mais ce qui trouble les observateurs occidentaux, c'est l'intérêt 
              que porte la Chine à l'hélium-3 dont des analyses et des mesures 
              de quantités sont prévues. Rappelons que l'hélium est un gaz, qui 
              combiné avec un isotope de l'hydrogène, le deutérium, peut produire 
              de grandes quantités d'énergie.
 
 Phase 2
 
 Lors de cette phase, la Chine prévoit l'atterrissage sur la Lune 
              d'un rover et non pas d'un lander en 2012. La sémantique est importante. 
              A la différence d'un lander, un rover est capable de se déplacer 
              autour de son point d'atterrissage, comme les rovers Spirit et Opportunity. 
              Cela implique le développement d'un engin plus complexe et la mise 
              au point du système de propulsion du rover, ce qui n'est pas une 
              mince affaire quand on sait chaque gramme a une répercussion sur 
              la masse totale à lancer depuis la Terre.
 
 Les objectifs scientifiques sont vastes, mais on retiendra une étude 
              à grande échelle de la lune, de sa tectonique et de sa structure 
              interne. Ils sont en droite ligne de ceux énoncés dans la phase 
              1. En filigrane ils visent à préparer au mieux l'atterrissage de 
              rover mais également de vaisseaux habités. A noter une petite expérience 
              de mesure des courants thermiques ainsi que la remanence du sol 
              au point d'atterrissage.
 
 Quant au rover, il se déplacera autour de son site d'atterrissage. 
              Il sera équipé d'instruments scientifiques qui permettront l'analyse 
              par différents procédés et longueurs d'ondes de son site d'atterrissage 
              et ses environs. Des observations astronomiques et du système 
              Soleil-Terre-Lune sont envisagées mais sans plus d'information.
 
 Reste une interrogation. La Chine n'a pas précisé si une sonde restera 
              en orbite. Deux scénarii sont envisageables. L'un prévoit le lancement 
              du rover à l'intérieur du module d'atterrissage, l'ensemble étant 
              propulsé par un étage de croisière entre la Terre et la Lune (de 
              type mission MER). L'autre scénario possible est plus complexe car 
              il prévoit l'utilisation d'un module orbital, mission de type Cassini-Huygens. 
              Dans ce cas, l'orbiter larguerait le module de descente tout en 
              restant en orbite pour une activité opérationnelle de plusieurs 
              mois.
 
 Phase 3
 
 Cette dernière étape est la plus ambitieuse du programme car elle 
              prévoit le retour sur Terre d'échantillons lunaires. L'architecture 
              de la mission est simple. La chine prévoit le lancement d'un engin 
              en 2017 qui déposera à la surface de la Lune un rover équipé d'un 
              bras robotique utilisé pour rassembler des échantillons du sol. 
              Une analyse in-situ de ces échantillons est prévue de façon à rapporter 
              sur Terre les plus prometteurs . Les échantillons seront placés 
              dans une capsule de rentrée atmosphérique et retournera sur Terre.
 
 Mais plusieurs zones d'ombres demeurent. Aucune information est 
              disponible sur cette phase de la mission qui apparaît comme la plus 
              cruciale avec la remontée en orbite lunaire et le retour sur Terre.
 
 Noter que la mission du rover ne se terminera pas avec le retour 
              sur Terre des échantillons lunaires. Le rover poursuivra 
              son activité autour de son site d'atterrissage et ses environs. 
              Il se peut que le site d'atterrissage de la mission de 2017 soit 
              utilisé par la suite pour installer une sorte de poste avancée 
              préfigurant des missions habitées. Mais on en est 
              pas là et beaucoup de chemin reste à faire avant de 
              voir le drapeau chinois flotter sur la Lune.
 
 Reste que la Chine est consciente que l'envoi d'hommes sur la Lune 
              ne sera pas une mince affaire et que le financement d'un tel projet 
              est colossal. On l'a vu pour les Etats-Unis en leur temps avec les 
              missions Apollo, les gaps technologiques à franchir sont importants. 
              Même si la situation est différente de celle de l'Amérique des années 
              60, la Chine doit faire face à certaines lacunes et se préparer 
              à supporter des surcoûts financiers et des échecs.
 
 
 
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