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13.10.06 Retour sur la perte de la navette Columbia
 
Plus de 3 ans après la désintégration en plein vol de Columbia, une étude publiée par le journal Strain (An International Journal for Experimental Mechanics) apporte un nouveau éclairage sur la chaîne d'évènements qui conduira à la catastrophe que l'on sait. Cet accident a donné aux scientifiques une occasion unique d'examiner une multitude de composants qui avaient subi un des environnements les plus contraignants jamais produits de sorte que les enseignements tirés de cette étude seront à même de renforcer significativement la sécurité des vols spatiaux habités, notamment pour la conception d'engins ailés.

Cette étude s'est notamment attachée à comprendre le rôle déterminant de l'afflux de plasma suite à la dégradation du bord d'attaque de l'aile gauche de l'orbiteur dès son lancement.

Rappelons qu'au retour de sa mission en février 2003, Columbia s'est désintégrée au moment de sa rentrée atmosphérique à 63 kilomètre d'altitude. Du plasma a pénétré dans la structure de la navette, alors fragilisée au niveau du bord d'attaque de son aile gauche par la chute d'un ou plusieurs morceaux d'isolant du réservoir externe de la navette au moment du décollage et provoquer sa désintégration en vol. Ce morceau d'isolant se serait détaché 81,7 secondes après le décollage, venant frapper le bord d'attaque de l'aile gauche de Columbia à la hauteur du panneau de carbone renforcé numéro huit du bouclier thermique.

La navette volant à plus de mach 18, sa désintégration a éparpillé les débris de la navette sur une zone longue de 1038 km et large de 16 km. Ramassés au sol, ils ont été rassemblés et identifiés dans un hangar du Centre spatial Kennedy et utilisés pour reconstituer tant bien que mal la navette. Notez, et on le sait moins, mais le décollage de Columbia bénéficiait d'une surveillance particulière. En effet, plus de 100 caméras et appareils photographiques ont suivi le décollage et l'ascension de la navette jusqu'à son entrée dans l'espace. Il s'agissait alors de modéliser le vol d'une navette. Cela a permis aux enquêteurs de comprendre ce qui s'est réellement produit pendant toute l'ascension de la navette.

Il importait avant tout d'expertiser les dégâts subis par l'aile incriminée.

Pour cela, il a fallu rassembler le maximum de données. Trois facteurs ont déterminé les zones de recherches : Les secteurs géographiques où les divers morceaux de débris ont été récupérés, comprenant notamment les fragments d'aile gauche, dont on pouvait remarquer l'absence de parties importantes tels les panneaux 8, 9 et 10, en comparaison avec les composants correspondants de l'aile droite récupérés en plus grand nombre. L'état des composants de l'aile gauche eux-mêmes, surtout les panneaux 8 et 9, montrent l'effet dévastateur résultant de l'exposition relativement prolongée au jet de plasma.

Le parcours du jet de plasma à l'intérieur de l'aile gauche a été déterminé par l'intermédiaire des caractéristiques dépositionnelles des scories trouvées sur l'intérieur des panneaux externes. Les caractéristiques ont inclus la quantité relative, l'orientation, la distribution et l'endroit des scories. Les parties de panneaux 8 et 9 ont montré un dépôt plus lourd que d'autres, les composants en Cerachrome se trouvant parmi les couches déposées en premier lieu, indiquant que ce matériel isolant a été attaqué en premier dès que la plasma a commencé à pénétrer les panneaux de RCC.

La présence d'autres éléments, concernant les alliages spécifiques, dans d'autres dépôts a indiqué que le matériel interne aux panneaux ont été les prochains composants soumis à l'écoulement de plasma. La présence d'Inconel 718 correspond à l'alliage utilisé dans les faisceaux de renfort du RCC. De même, le manque d'A-286 indique que les ferrures de fixation à l'intérieur des panneaux n'ont pas été exposées à l'écoulement.

En se basant sur l'observation de plusieurs faits disparates, ainsi que sur les caractéristiques des débris recueillis en divers endroits, l'endroit de pénétration se trouvait dans le panneau 8 en RCC, près du panneau 9, ce qui est en accord avec les observations visuelles au cours du décollage de STS-107. Pendant que l'écoulement de plasma s'introduisait dans la structure de l'aile gauche, il a attaqué le matériel isolant en Cerachrome, et a puis attaqué le matériel interne de renfort de structure. Par la suite, l'intégrité de l'aile gauche a été compromise à un tel degré qu'elle ne pourrait plus soutenir les charges produites par la rentrée. Pendant que l'aile se brisait, la navette spatiale a perdu la stabilité de vol, et s'est désintégrée au-dessus du Texas et de la Louisiane.


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