Home pageSpace News InternationalTechno-Science.netEuropean Space Agency
 

   
15.10.07 Avion spatial : Le pari d'Astrium
 
Astrium a profité du Salon du Bourget pour dévoiler une maquette à l'échelle 1 du fuselage de l'avion spatial qu'elle projette de construire d'ici 5 ans. Le feu vert au développement de l'appareil pourrait être donné en 2008 si le milliard d'euros que coûte le programme est trouvé. Le premier vol pourrait alors avoir lieu à partir de 2012.

Les études de marché les plus récentes faites sur le tourisme spatial ont montré une certaine pertinence économique pour ce type d'activité mais ont toutessignalé qu'elle n'avait pas vocation à s'installer de façon durable dans le circuit économique traditionnel. Il est à craindre que l'activité restera un marché de niche de sorte qu'elle ne sera rentable que pour très peu d'opérateurs.

Crédit Astrium

De fait, Astrium souhaite se positionner comme un acteur incontournable de façon à capter une bonne partie des 6000 passagers escomptés en 2020. Pour cela, elle projette de construire quelques 5 appareils par an, d'une durée de vie unitaire de 10 ans à raison de 50 vols an.

Etat d'avancement du projet

Rien ne filtre sur l'état d'avancement du projet. On sait juste que tout récemment une revue de conception sommaire a signé la fin de l'avant projet, une étape crédibilise le concept et détermine les difficultés technologiques qui se dressent devant les ingénieurs et les points à travailler en priorité.

Financement du projet

Des industriels ont été contactés et/ou se sont rapprochés d'Astrium qui prospecte également des fonds d'investissements, voire des fonds pensions en raison du potentiel économique. Une démarche qui vise à intéresser de nouveaux investisseurs aux technologies spatiales. Idéalement, Astrium recherche des partenaires à risques, comme cela se fait dans l'aéronautique. On pense à Snecma qui pourrait être intéressée par la partie moteur fusée, voire du moteur à réaction qui nécessitera quelques modifications par rapport à un moteur de ce type classique.

Fonds publics

Interrogés, l'ESA et le CNES ont clairement dit qu'ils n'avaient pas vocation à financer ce type de projet. Cependant, la position du CNES est plus nuancée. L'Agence spatiale française a fait savoir qu'elle se doit de voir si certains aspects de ce programme ne présentent pas des synergies avec l'accès à l'espace traditionnel, notamment concernant la propulsion ou le vol habité. De sorte qu'il n'est pas exclu une participation du CNES dans l'élaboration de cet avion spatial.

Compte tenu des avancées technologiques et des retombées locales de ce programme, certains fonds publics pourraient, le cas échéant, être mobilisés. De fait, la région Midi-Pyrénées pourrait être intéressée par ce projet d'autant plus qu'une base de lancement pourrait y être implantée. Une première étude d'analyse de marché devrait obtenir un financement ces prochains mois.

Un pari fou

L'avion spatial d'Astrium ressemble à un jet d'affaires traditionnel à la différence qu'il sera équipé d'un moteur fusée fonctionnant avec un mélange d'oxygène liquide et de méthane. Il sera conçu pour les vols atteignant une altitude de plus de 100 km qui marquent par convention la frontière entre la Terre et l'espace. Il sera capable de transporter 4 passagers en apesanteur, à 0 G durant plus de trois minutes. A cette altitude, on peut voir la rotondité de la Terre jusque dans un rayon de 1000 km environ, discerner la fine couche atmosphérique, le noir de l'espace !

Maquette à l'échelle 1 du fuselage présentée au Salon du Bourget. Crédit flashespace

Un pari fou diront certains, mais à y regarder de plus près peut-être pas. Pour Astrium, un tel projet permet de développer un nouvel engin capable d'explorer les altitudes au-dessus de celle des avions civils et militaires (20 km), de certains avions espions US (30 km) mais en dessous de celles des satellites (200 km). Ce concept de véhicule est susceptible d'ouvrir des voies jusqu'ici inexplorées, pouvant être le précurseur de véhicules de transport de point à point ou d'accès rapide à l'espace. Des applications scientifiques et militaires sont également envisagées.

S'il est indéniable qu'Astrium s'appuiera sur les retombées de l'expérience ARD, c'est avant tout son expertise et son savoir-faire dans la conception des missiles balistiques qui lui seront le plus profitable. Si la conception de l'avion ne devrait pas de poser de problème insurmontable, ce n'est peut-être pas le cas du bloc moteur fusée.

Cet avion spatial sera plus compliqué à construire qu'un avion classique. Plus on vole haut, plus on se heurte à des problèmes techniques au regard des G encaissés et du déplacement de l'appareil à ces hautes altitudes qui se frotte à des forces aérodynamiques significatives. Le problème se pose lorsque l'avion spatial franchira les 100 km d'altitude. Dans l'espace, bien que la portance est nulle et que les forces aérodynamiques qui s'exercent sont assez faibles, la carlingue devra être renforcée en raison de la différence de pression qui s'exercera sur l'avion pendant les 3 minutes que doit durer le séjour dans l'espace.

Interrogation autour du moteur fusée

Le bloc moteur représentera les 2/3 de l'avion. Il fonctionnera avec un mélange à base d'oxygène liquide et de méthane liquide (LOX Méthane), réutilisable 30 fois. Le bloc moteur serait changé tous les 30 vols. Cette solution est la plus novatrice ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes. Il s'agit également de la motorisation la plus écologique (la plus propre) et la moins dangereuse à manipuler. Ce moteur de 30 tonnes de poussée sera développé à partir de technologies utilisées sur Ariane. En raison de sa masse, le centre de gravité de l'appareil sera situé très en arrière, ce qui explique la position très en retrait des ailes, conçues pour une capacité forte à planer.

Sécurité maximale. Possibilité d'interruption du vol à chacune de ses phases. Crédit Astrium

Des moteurs de ce type sont en cours de développement aux Etats-Unis, en Russie et en Europe mais aucun n'a dépassé le stade du banc test. On citera le moteur Vinci de Snecma qui doit propulser l'Etage ECB d'Ariane 5 qui s'appuie sur des technologies russes ou celui d'XCOR Aerospace en cours de développement.

Rentrée atmosphérique

Le retour sur Terre sera vraisemblablement la phase la plus délicate du vol. Elle nécessitera le réallumage des moteurs à réaction de l'avion. Or ces moteurs seront aérobies ce qui signifie que leur réallumage ne pourra se faire qu'à une altitude précise et une vitesse pas trop élevée. Une vitesse trop rapide dans une couche de l'atmosphère amoindrie en air peut empêcher les moteurs de se réallumer. Notez que théoriquement, l'avion sera capable de revenir se poser en planant, un peu comme la navette spatiale.

Pas d'autorisation de vol

Un des aspects les plus critiques et le moins connu du grand public concerne celui de la jurisprudence et des assurances liées à ce type d'activité. Savez-vous qu'aujourd'hui qu'aucune des firmes engagées dans la construction d'un tel engin n'a reçu d'autorisation pour faire voler des passagers privés. Que soit la FAA américaine ou la DGAC française, aucune de ces 2 administrations ne veut prendre le risque d'autoriser une telle activité au regard des risques juridiques que peut faire peser un accident mortel. De fait, sans autorisation aucun assureur ne peut couvrir ce risque.

C'est un vrai problème qu'il va falloir résoudre très rapidement. Une des solutions serait que le CNES certifie ce type de véhicule.

Un colloque organisé en mai 2008 en collaboration avec l'IAA et le CNES devrait aborder ces questions et défricher le terrain. Quant à l'Académie Internationale d'Astronautique, elle a décidé de mener une étude portant sur la question dans sa globalité, destinée à alimenter un Livre Blanc de synthèse.


Articles connexes

Astrium dévoile un avion-fusée dédié au vol sub-orbital (14.06.07)
La NASA et Virgin Galactic vont collaborer ensemble (23.02.07)
Interrogations sur le programme COTS (20.02.07)
Tourisme spatial : Premier essai réussi de la capsule de Blue Origin (06.01.07)

Virgin Galactic dévoile la cabine intérieure du SpaceShipTwo (29.09.06)

ConcordiaSpace, nouvel entrant sur le marché du tourisme spatial (01.04.06)

  top

   
  Copyright 2000 - 2007 © flashespace.com. All rights reserved