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19.11.07 Le point sur la mission Venus Express
 
Venus Express a été lancée avec succès le 9 novembre 2005 depuis Baïkonour par une fusée Soyouz équipée d'un étage Frégat. En février 2007, l'Agence spatiale européenne a prolongé sa mission jusqu'en mai 2009 et en septembre 2007 s'est achevée sa mission initiale après que la sonde a tourné autour de Vénus pendant 486 jours ou … 2 jours vénusiens. La prolongation de sa mission doit lui permettre d'accomplir un nouveau cycle d'observations de 2 jours vénusiens.

Un premier bilan de la mission nous permet de dire que d'ores et déjà il y aura un avant et un après Vénus Express. Les données reçues par les scientifiques sont telles qu'elles demandent plusieurs mois d'analyses avant d'être correctement exploitées et que soient publiés les premiers papiers scientifiques.

Vénus ou un déficit de notoriété

A la différence de Mars, de Saturne ou de Jupiter, Vénus souffre d'un manque d'intérêt de la part du grand public. Vraisemblablement parce qu'il n'est pas possible d'obtenir des images dans le visible de sa surface en raison d'une atmosphère des plus épaisses.

Et pourtant, cette planète jumelle de la Terre a de nombreux atouts. Sa proximité en fait une cible de choix pour les astronomes amateurs. Pour les scientifiques, son étude à cela de remarquable qu'elle permet de faire de la planétologie comparée dans de nombreux domaines. Vénus peut apporter des réponses à des phénomènes qui débutent sur Terre et promettent de bouleverser le climat à l'échelle de la planète ou encore nous aider à mieux comprendre le cheminement de la vie sur Terre.

Effet de serre

Vénus supporte un effet de serre dantesque qui favorise des températures de surface proche des 500 °C. S'il perdure depuis plusieurs millions d'années et s'est semble t'il emballé, sur Terre, l'effet de serre se met en place depuis peu, mais les premiers effets se font déjà sentir. Bien évidemment, les mêmes causes n'ont et n'auront pas les mêmes conséquences sur les 2 planètes. De sorte qu'il est important de comprendre ce qui se passe sur Vénus pour anticiper ce qui peut arriver sur Terre mais dans des proportions différentes. Vénus a évolué si différemment de la Terre que comprendre cette évolution permettrait de mieux cerner le réchauffement climatique terrestre en cours.

La vie

Quant à la question de la vie, il faut savoir que Vénus et la Terre sont de tailles et de masses comparables. Au moment de leur formation, ces 2 planètes étaient bien plus semblables qu'elles le sont aujourd'hui. Elles ont évoluées très vite pour former les planètes que l'on connaît aujourd'hui. Avec une surface chauffée à blanc dont la température atteint 450°C, une couverture nuageuse épaisse de 25 km et une atmosphère constituée de gaz hostile à toute forme de vie, il est très peu probable qu'une forme de vie primitive existe sur cette planète.

Mais, cela n'a pas toujours été le cas. Des scientifiques sont convaincus qu'au début de sa formation, Vénus a très bien pu offrir un habitat propice à l'apparition d'une forme de vie primitive, voire des niches biologiques tout comme cela s'est produit sur Terre et sur Mars.

Assistance gravitationnelle

L'autre intérêt de Vénus est son rôle important dans la plupart des missions d'exploration des planètes lointaines. Les contrôleurs au sol l'utilisent comme effet de fronde. Les sondes en partance pour les planètes lointaines du Système Solaire utilisent son attraction gravitationnelle de façon à être déviées de leur trajectoire initiale et d'être accélérées de façon significative (effet de fronde). Cela rallonge la distance à parcourir pour rejoindre la planète visée, mais ça engendre une économie substantielle d'ergols et cela permet d'augmenter la charge utile pour un même lanceur.

500 jours d'observation

Après 500 jours d'observation de Vénus, les scientifiques ont amassé des données qui leur permettent d'avoir une connaissance plus fine de sa météorologie et une image plus précise de l'atmosphère, bien plus versatile qu'on le pensait jusqu'à tout récemment. Il s'agit d'un des objectifs majeurs de la mission.

Aspect technique

Les premiers enseignements sont d'ordre technique. Venus Express utilise la même plateforme que celle de Mars Express mais a cependant été adaptée à l'environnement bien plus hostile autour de Vénus que de Mars. Après plus de 2 ans en orbite, la sonde n'a pas subi de dommage significatif et l'état de fonctionnement de ces instruments est nominal. Les modifications de conceptions se sont avérées pertinentes de sorte que l'ESA pourra s'appuyer dessus pour ses futures missions.

Petite parenthèse pour vous signaler que Venus Express, Mars Express et Rosetta, 3 sondes de l'ESA, ont des instruments similaires ce qui permettra de faire des études de planétologie comparée comme jamais auparavant. Il est très rare que plusieurs sondes aux objectifs différents embarquent les mêmes instruments. Quels que soient les résultats fournis, il sera donc très difficile de les remettre en cause comme cela a été le cas dans le passé.

La surface de Vénus

Si l'observation de la surface de Vénus est impossible dans le visible, elle n'est cependant pas opaque à toutes les longueurs d'ondes. Dans le passé, les missions américaines et soviétiques des années 1970 nous ont donné un petit aperçu de ce à quoi ressemble cette surface mais c'est seulement au début des années 1990 que la surface de Vénus a été vue de façon aussi proche que possible de la réalité grâce à la mission Magellan de la NASA qui a cartographié 98 % de sa surface. Magellan a pour cela utilisé des altimètres radars travaillant à des longueurs d'onde auxquelles les nuages vénusiens sont transparents. Cela a permis de reconstituer par ordinateur le relief de la planète en images de synthèse.

L'observation dans le visible est impossible pour 2 raisons. L'épaisse couche atmosphérique qui agit comme un épais brouillard terrestre et une température de surface moyenne de l'ordre de 450 °C. Néanmoins, des fenêtres spectrales existent et certaines d'entres elles sont utilisées par la caméra pour la surveillance de Vénus (VMC) qui utilise une de ses fréquences pour observer sa surface. Bien que cela fonctionne, la résolution obtenue n'est pas très bonne. En cause, la température de surface qui émet un très fort rayonnement infrarouge dispersé dans plusieurs directions en raison de l'épaisseur de l'atmosphère avant d'être de s'éparpiller dans l'espace dans plusieurs direction. De fait, lorsque la VMC capte ses radiations, elles sont tellement dégradées que la résolution des images que l'on obtient est de l'ordre de 50 km.

Une des images de cet article montre les régions Beta Regio et Phoebe Regio, explorées dans les années 1970 par des sondes américaines et russes. Cette mosaïques d'images acquises par la caméra VMC fournissent des information sur leur composition minéralogique et leur topologie. Les couleurs qui vont du jaune à l'orange montrent des plaines, qui occupent environ 70% de la surface de la planète, et qui se sont formées à la suite d'éruptions volcaniques survenues il y a environ 700 millions d'années. Episodes qui affectaient alors la quasi-totalité de la planète. Les reliefs les plus élevés sont haut d'environ 5 km et les différences de températures enregistrées sont de l'ordre de 40° degrés.


 
Beta Regio et Phoebe Regio

Beta Regio et Phoebe Regio

Les régions Beta Regio et Phoebe Regio vues par la caméra VMC de Venus Express

Crédits
ESA / VMC / MPS / IPF-DLR



Vénus cartographiée par Magellan



Vénus cartographiée par Magellan
Crédits
NASA / JPL
Eistla Regio vue par la sonde Magellan

Crédits
NASA / JPL
 

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